D’où vient mon poisson ?

La zone de pêche
FAO 27 :
l’océan atlantique
depuis la Norvège
jusqu’à l’Espagne

Chaque année, la criée de La Rochelle commercialise au travers de ses ventes aux enchères quotidiennes les productions de 240 navires de pêche différents. Ce sont près de 2 000 tonnes de produits de la mer qui approvisionnent la halle à marée provenant de l’océan atlantique depuis la Norvège jusqu’à l’Espagne. Si tout le monde s’accorde pour dire que le poisson vient de la mer, quelques précisions peuvent être apportées à la question « d’où vient mon poisson ? »…

Des flottes de pêche diversifiées pour une
gamme de produits élargie vendue aux
enchères de la criée

Une flotte locale aux multiples visages

La Rochelle compte parmi sa flotte locale, 80 navires de pêche qui stationnent à l’année sur les quais du Port de Chef de Baie :

Les courreauleurs

Les courreauleurs, aux couleurs étincelantes qui percent le bleu de l’océan, naviguent tous les jours dans les eaux de la Mer des Pertuis situées entre la côte charentaise et son archipel (Ré, Oléron, Aix, Madame).

Ils constituent la majeure partie de la flotte rochelaise et pratiquent une petite pêche c’est-à-dire dont le temps en mer ne dépasse pas 24h. Ce sont eux qui débarquent la pêche du jour. Ils utilisent le chalut, la ligne, le filet, la palangre, la drague ou encore le casier pour récolter les produits de la mer au grè des quatre saisons.

Les hauturiers rochelais

Ces navires sont plus imposants. Leur taille atteint facilement 20 mètres de long ce qui leur confère l’armature nécessaire pour pêcher dans les eaux tumultueuses du Golfe de Gascogne. Ils s’éloignent des côtes, au-delà de la mer des pertuis pour pratiquer une pêche côtière entre la Bretagne et l’Espagne. Leur sortie en mer n’excède pas 4 jours. Leur production est principalement constituée d’espèces côtières à forte valeur ajoutée. La flotte hauturière rochelaise ne compte parmi ses navires que des chalutiers. Ils sont aux quotas de pêche et ne peuvent donc pas dépasser les volumes annuels qui leur sont imposés.

Les autres navires

D’autres navires entrent dans la flotte rochelaise, ce sont les Franco-Espagnols qui travaillent dans tout le Golfe de Gascogne depuis la Mer d’Irlande jusqu’au Sud de l’Espagne. Ces navires préfèrent utiliser la voie routière depuis leur port de débarquement situé sur les côtes européennes pour rapatrier une partie de leur production à La Rochelle. Ils sont soumis comme tous les autres navires à des quotas de pêche gérés par l’organisation de producteur FROM Sud-ouest basée au Port de Chef de Baie. Ils réalisent des marées plus longues caractérisées par la pêche au large et se sont spécialisés dans la pêche des produits à coupe tels que l’églefin, les raies, la lingue franche…

Le saviez-vous ?

Les organisations de producteurs sont animées par des marins pêcheurs
et encadrées par la Politique Commune des Pêches.

Leur rôle tient dans la gestion des quotas de pêche pour le compte de leurs adhérents et dans le soutien des marchés pour valoriser les ressources naturelles en répartissant les captures au travers de plans de pêche annuel.

Une flotte extérieure pour garnir les ventes aux enchères
d’autres produits de la mer

Afin d’étoffer sa gamme de produits présentés en criée et ainsi permettre aux acheteurs de trouver les produits dont ils ont besoin pour leur commerce, la criée de La Rochelle travaille aussi avec des navires extérieurs dont les ports d’attache sont situés sur tous les pourtours européens depuis la Norvège jusqu’à l’Espagne.

Les navires extérieurs

Ces navires pratiquent la pêche côtière ou la pêche au large. Ils travaillent dans les eaux de l’Atlantique Nord-Est : Mer de Norvège, zone maritime du Royaume-Uni et Golfe de Gascogne. Ils apportent par leur métier des produits différents de ceux débarqués par la flotte locale. Leurs débarquements concernent des espèces du Nord telles que le cabillaud, le sébaste, le merlu mais aussi des espèces plus côtières comme la sole, le homard ou la langouste pêchés sur le littoral français.

Flotte extérieure ou flotte locale, c’est avec des engins bien spécifiques
que les marins attrapent les poissons !

La ligne et la palangre

Cette technique consiste à mettre à l’eau une ligne maitresse reliée au navire et sur laquelle sont attachés des hameçons. C’est en plaçant des appâts ou des leurres sur ces petits crochets que les marins attrapent leurs proies.

Lignes et palangres se distinguent par la taille de la ligne maîtresse. Jusqu’à 1 000 hameçons peuvent être disposés sur une palangre contre 1 à quelques-uns pour une ligne. Ces deux engins relativement similaires sur leur action de pêche entrent dans la classe des arts dormants.

Le filet droit et le trémail

Les filets se composent de nappes percées de mailles  équipées de flotteurs sur leur partie supérieure et de cordes lestées sur leur partie inférieure. C’est en jouant sur la taille du maillage que les marins vont choisir les espèces qu’ils ciblent. Grâce aux flotteurs et aux lestes, les filets vont être immergés dans la colonne d’eau ou calés sur le fond de l’océan.

Les filets droits ou filets maillants sont construits à partir d’une seule nappe alors que les trémails en ont trois. Le matériau principalement utilisé pour la confection des filets est du nylon, un plastic polyamide qui aujourd’hui peut-être recyclé. Une des caractéristiques du nylon est d’être très fin et translucide. Il peut ainsi disparaître du champ de vision des poissons par les mouvements de la houle et des courants.

Les casiers

Les casiers ou nasses sont composés d’une armature recouverte d’un grillage et munie d’une ouverture spécifique facilitant l’entrée mais empêchant la sortie de l’animal. Ils peuvent avoir des formes différentes mais ce qui les distingue plus particulièrement sont les orifices d’entrée qui varient selon les catégories d’espèces ciblées.

Disposés au sol et liés par un filin, les casiers opèrent passivement. L’action de pêche consiste à attirer l’espèce recherchée en utilisant un appât approprié.

Le chalut pélagique ou de fond

Les chaluts sont de grands filets remorqués en forme d’entonnoir se terminant par une poche appelée dans le jargon professionnel, « le cul de chalut ». C’est par celle-ci que sont déposés les poissons piégés sur le pont des navires. D’autres pièces composent les chaluts selon qu’ils sont de fonds ou pélagiques : les funes, les flotteurs, les lestes, les panneaux…

Les chaluts pélagiques contrairement aux chaluts de fonds sont tractés en pleine eau entre la surface et le fond.

Les chaluts sont élaborés à partir de plusieurs types de plastiques rendant leurs mailles épaisses très résistantes. Si cet entremêlage de fibres rend plus difficile le recyclage des chaluts en fin de vie, des recherches sont réalisées pour aboutir à une valorisation de matière. Toutefois, contrairement aux mailles des filets qui ne peuvent pas être réparées lorsqu’elles sont cassées, celles des chaluts peuvent être raccommodées. On parle alors de ramandage permettant d’augmenter la durée de vie de ces engins. 

Les dragues à coquilles ou à pétoncles

Les dragues en Charente-Maritime sont constituées d’un panier formé par des anneaux en métal et fixé sur une armature rigide. Elles sont tractées par le navire et servent à récolter coquilles Saint-Jacques et pétoncles.

Le panier fixé offre une ouverture dont la taille varie selon l’espèce ciblée. Pour améliorer la sélectivité de cet engin de pêche, les marins peuvent choisir d’agrandir le diamètre des anneaux. Cette mesure avait été mise en place en 2007-2008 lors des campagnes de pêche à la coquille pour permettre de mieux trier sur le fond de l’océan.

L’utilisation des dragues en Charente-Maritime est réglementée par la profession elle-même et les autorités compétentes. Elles ne sont autorisées que lors des campagnes de pêche annuelles des coquilles Saint-Jacques et des Pétoncles

Responsabilité et durabilité, les engagements
des acteurs de la filière locale

Pêcheurs, mytiliculteurs, gestionnaire de port, mareyeurs, transporteurs et poissonniers…toutes les familles professionnelles de Chef de Baie sont directement impactées par l’état de santé de l’océan. Appuyés de leurs représentants locaux ou nationaux, ils œuvrent ensemble pour construire progressivement la filière de demain.

Préserver son environnement et améliorer les connaissances sur le monde qui nous entoure toute en permettant le développement durable des activités socio-économique, voilà sur quoi repose le concept de développement durable. Autour de ces 3 piliers, retrouvez ci-dessous les axes d’engagement des familles professionnelles du Port de Chef de Baie

PRÉSERVER NOTRE
ENVIRONNEMENT
Améliorer nos connaissances
sur les milieux
Permettre le
développement durable des
activités socio-économiques

Préserver notre environnement

La gestion des quotas de pêche par l’organisation de producteurs F.R.O.M Sudouest :

Chaque année au mois de décembre, se réunit à Bruxelles le conseil des ministres européens pour acter les taux admissibles de captures de poissons sauvages qui sont ensuite répartis entre chaque état membre et ce, sur la base des suivis scientifiques des différents stocks halieutiques. Ce processus aboutit à la définition des fameux quotas de pêche attribués à chaque couple patron/ navires. A La Rochelle, le F.R.O.M Sudouest, présidé par M. Jean-Marie Zarza, joue un rôle majeur dans la gestion des quotas de ses adhérents et dans le soutien des marchés.  Il compte 45 adhérents rochelais. Une trentaine d’espèces est soumise à des quotas de pêche représentant 25% du nombre total d’espèces débarquées par les adhérents du FROM Sudouest.

Améliorer nos connaissances sur les milieux

Apprendre et comprendre le comportement de pontes des seiches par le Comité Départemental des pêches de Charente-Maritime :

La seiche, céphalopode particulièrement astucieux et sensible profite des conditions remarquables des pertuis charentais pour venir à chaque printemps y déposer des œufs. Si elle est très attentive à la qualité du milieu, elle reste plutôt indifférente à la nature des supports sur lesquels elle fixe sa progéniture n’hésitant pas à utiliser les casiers et les filets immergés. Les pêcheurs professionnels au travers du Comité Départemental des pêches de Charente-Maritime ont cherché alors à percer ce comportement mystérieux. Ils travaillent depuis 2013 sur un projet d’immersion de pondoirs artificiels devant participer activement au maintien des juvéniles naissant dans le pertuis. En 2021, ils se sont également penchés sur l’élaboration de véritables incubateurs pouvant accueillir les œufs décrochés accidentellement. Les résultats sont à la hauteur des attentes. Ce programme s’inscrit dans une démarche globale de gestion durable et responsable des ressources exploitées par les pêcheurs professionnels.

Plus d’informations sur : Projets de soutien à la population de seiches des pertuis (La Rochelle)

Permettre le développement durable des activités socio-économiques

Le réemploi des filets de pêche :

Le Port de Chef de Baie participait en 2018 en tant que site pilote au projet Pechpropre de la Coopération Maritime visant à élaborer au niveau nationale une filière de valorisation des engins de pêche usagés. A cette occasion, il a pu mettre en évidence les volumes de filets de pêche déposés par les marins sur son enceinte. Il aura fallu 2 années pour que puisse émerger sur le port une véritable filière de réemploi de ces matières au travers d’un concept d’économie circulaire et vertueuse. Aujourd’hui le port travaille avec la société Valoryeu qui assure le retraitement des matières plastiques pour la confection de bobine d’impression 3D. En plus d’assurer un processus de recyclage, la société utilise la voix douce par les mers et en bateau à voile pour le rapatriement des filets vers son site de production.